La période de taille a débuté en janvier. Elle se terminera début avril.
Pourquoi tailler la vigne ? ✂️ ✂️
La vigne est une liane et a appris à coévoluer avec les arbres. Elle a donc pris pour fonction d’utiliser l’arbre comme support pour fructifier. Effectivement la vigne peut fructifier sans la taille grâce aux oiseaux qui vont manger le raisin. A chaque fois qu’un oiseau prend son envol, il a tendance à déféquer. Mais puisqu’il prend souvent son envol à partir d’un arbre, les excréments tomberont sur le sol près d’un arbre. Mais la vigne a aussi besoin de soleil pour fructifier, ce qui n’est pas certain à l’ombre d’un arbre. La vigne a alors développé un système intelligent appelé acrotonie, qui l’empêche de fructifier tant qu’elle n’est pas à la lumière. Cette acrotonie lui permet de repartir toujours du sommet de sa croissance, la vigne va ainsi développer les rameaux (bois) les plus hauts.
La taille permet ainsi d’adapter la vigne qui est une liane aux contraintes d’une culture. La taille a évolué au fil du temps en fonction des cépages et des contraintes de chaque vignoble. La taille s’est également mécanisée de plus en plus, mais la taille manuelle que je pratique n’est pas prête de disparaître pour autant. Pour plusieurs raisons, dont la mécanisation possible ou non dans la parcelle, le respect de la physiologie de la vigne dont la réflexion demande du temps lors de la taille (ce qu’une machine ne peut faire). La période de taille est également un moment privilégié pendant lequel on réfléchit à la restructuration de sa parcelle pour faciliter le passage entre les rangs et surtout pour la pérennité du vignoble.
Quand tailler la vigne ? ✂️ ✂️
Cela dépend de plusieurs paramètres, de l’état végétatif de la vigne, de la région et du temps que vous avez pour tailler. De nombreux domaines commencent la taille dès octobre. C’est un travail long, et lorsque l’on a peu de personnel et plusieurs hectares, on commence tôt pour éviter d’avoir une masse salariale trop coûteuse. Même si cela peut se comprendre, je ne partage pas du tout cette vision. Si l’on n’a pas les moyens d’embaucher du personnel, on réduit son domaine pour le bien-être de la vigne. Je vous explique pourquoi.
La taille de la vigne est une tâche qui a été longtemps reléguée au second plan par la majorité des vignerons. Donc on a taillé, oui, mais dans le vif ! Et ainsi favoriser le dépérissement du vignoble. Or comme pour toute plante, la vigne a son propre cycle végétatif qui varie en fonction des pays et des climats. En France, la vigne est en « repos » végétatif en hiver. Avec le froid, la sève circulant dans le cep redescend vers les racines pour concentrer la recherche de nutriments dans le sol, plutôt que par les voies aériennes puisqu’il n’y a plus de feuilles pour la photosynthèse. C’est donc à cette période que l’on peut commencer à tailler en respectant les flux de sève. Et dans le Beaujolais, en règle générale (difficile de parler de règle générale avec les perturbations climatiques que nous subissons depuis plusieurs années) la sève redescend fin décembre.
Imaginez-vous sur une autoroute : si vous roulez à contresens, l’accident voire la mort a de grande chance d’arriver ! Et bien en perturbant les flux de sève de la vigne, c’est ce qui risque de se produire.
Comment tailler la vigne ? ✂️ ✂️
Ce que je viens de vous expliquer nous amène donc à cette question : comment tailler la vigne ? Et bien, en pensant à son futur et sa pérennité. Une vigne bien taillée est une vigne heureuse et elle vous le rendra ! Elle vivra longtemps (il existe des vignes centenaires et planter de nouveaux pieds tous les 40 ans n’est pas une fatalité) et produira suffisamment du raisin de qualité. Peu importe le type de taille pratiquée : guyot poussard, cordon royat, charmette et gobelet. Ces 2 derniers types de taille sont typiques du Beaujolais.
Mes parcelles sont toutes en gobelet, même si l’une d’entre elles a commencé à être restructurée pour être en charmette. Le gobelet consiste à avoir 4 à 5 bras porteurs, sur lesquels pousseront les futurs rameaux qui porteront les raisins.
Bref, chaque cep est un cas unique. Il faut prendre en compte : le flux de sève, la morphologie du plant, le rendement qu’on veut lui donner, la meilleure façon d’allonger la vie du cep…
Vous l’aurez compris, c’est une tâche primordiale qui prend du temps et nous oblige à nous poser plusieurs questions pour que la vigne puisse vivre le plus longtemps possible.
J’écrirais un autre article pour exposer les détails techniques de la taille.