Couverts végétaux 2023-2024

Suite à mes semis 2022-2023, j’ai intégré un groupe de vignerons dans le Beaujolais suivi par la Chambre d’Agriculture du Rhône dans le cadre du projet AdapTénuer. Ce projet consiste à présenter les leviers d’adaptation et/ou d’atténuation vis à vis du changement climatique.

Les semis des couverts végétaux de l’automne 2022 ont été productifs ! Comme vous pouvez le voir sur les photos, 2 espèces parmi les 4 semées ont poussées en grande majorité : le pois fourrager et le seigle. 

Malgré cela, je suis très contente des résultats que ces couverts ont donnés. Dans le cadre du projet AdapTénuer, les prélèvements du sol sont très positifs et me confortent dans mes décisions. Il y a 6 fois plus de production de biomasse par les semis que par la végétation spontanée. La restitution des minéraux et de l’azote et le stockage de carbone dans le sol, sont très largement supérieurs dans les rangs semés que ceux recouverts de la végétation spontanée.

Ces résultats sont à suivre sur plusieurs années, d’autant plus que la parcelle n’est en conversion vers l’agriculture biologique que depuis 2021.

Je continue donc l’expérience et double le nombre de rangs semés sur cette belle parcelle.

En 2024, des semis seront mis en place sur une seconde parcelle.

Couverts végétaux 2022-2023

En automne 2022 j’ai semé des couverts végétaux sur la parcelle la plus haute en altitude sur Blacé. Le semis a été mis en place un rang sur 4. Pour une première fois (pour la vigne et moi 😀) j’ai préféré utiliser une petite quantité de semis. Les graines ont été semées à la volée sur un sol préalablement retourné sur 10 cm de profondeur avec une grelinette. Je dois avouer que j’étais éreintée après avoir travaillé ce sol qui ne l’a jamais été.

J’ai sélectionné 4 espèces (bio évidemment) en fonction de leurs avantages par rapport à mon sol et de ce que je voulais obtenir comme résultat. Les effets principaux recherchés sont le décompactage du sol, la production de biomasse, la gestion des adventices.

Les agronomes conseillent 3 espèces différentes au minimum : graminées, légumineuses et crucifères. J’ai donc semé :

  1. du seigle. J’aurais voulu du tritical qui est moins cher mais en rupture de stock. Cette graminée facile à implanter permet une production moyenne de biomasse et permet de lutter contre les adventices. Elle a un système racinaire pivotant qui va décompacter le sol en profondeur. Le seigle a poussé très tardivement mais pas de façon homogène dans les rangs de vigne.
  2. pois fourrager. Cette légumineuse s’implante facilement et permet d’obtenir une bonne biomasse. Le pois a particulièrement bien poussé, il a bien monté et produit ses fleurs. Néanmoins, j’aurais dû mettre des tuteurs par ci par là afin qu’il puisse grimper dessus et non sur les ceps.
  3. navette fourragère. Ce crucifère produit une bonne biomasse et a un système racinaire pivotante. C’est une plante étouffante qui lutte donc très bien contre les adventices. En revanche, à part quelques feuilles par ci par là, la navette n’a pas poussé.
  4. phacélie. Cette plante produit une bonne biomasse et a un système racinaire pivotante. Mais je l’ai surtout choisie car elle est très mellifère c’est à dire qu’elle produit beaucoup de nectar pour les abeilles. Elle les attire donc très facilement. Qui dit abeille dit biodiversité 😀 . Tout comme la navette fourragère, la phacélie a très peu poussé.

Depuis le début de l’été, seul est resté le seigle. Le reste des plantes ont séchées à cause du soleil et de la chaleur.

Les premiers résultats sont très positifs. Je ne vais pas rentrer dans les détails techniques, mais pour donner un exemple, un prélèvement a été effectué début juin des plantes semées et de celles qui ont poussé de façon spontanée. Les plantes spontanées produisent 0,6T/hectare de biomasse, alors que les couverts semés produisent 4T/hectare de biomasse.

En automne 2024, l’expérience sera renouvelée 1 rang sur 2 sur cette parcelle. Et 1 rang sur 4 sur une autre parcelle de Blacé.

Le vignoble du domaine s’agrandit !

C’est fait ! Le cap du statut d’exploitante agricole est passé ! What ?!

En effet, jusqu’à ce jour, j’avais le statut de cotisante solidaire pour la MSA (la fameuse sécurité sociale des agriculteurs), qui me permettait d’avoir quelques droits et une couverture sociale minimale. Ce statut est lié à la taille du parcellaire qui était alors de moins de 1,80 hectares soit moins de 18000 m2. Pour des raisons diverses notamment liées au cuvage, j’ai dû augmenter mon parcellaire pour passer ce seuil de 1,80.

Ce que je ne regrette pas ! J’exploite dorénavant 2 nouvelles parcelles situées à Régnié-Durette. Mon domaine s’étend maintenant à 2,2 hectares. Cette taille ne devrait guère varier car je ne pourrais pas travailler seule comme je le fais actuellement sur une plus grande superficie.

Je vais donc pouvoir vous proposer une belle gamme de 4 cuvées différentes : Beaujolais, Beaujolais Blacé, Régnié (dernier des crus du Beaujolais) et Moulin à Vent.

Coupe coupe !

La période de taille a débuté en janvier. Elle se terminera début avril.

Pourquoi tailler la vigne ? ✂️ ✂️

La vigne est une liane et a appris à coévoluer avec les arbres. Elle a donc pris pour fonction d’utiliser l’arbre comme support pour fructifier. Effectivement la vigne peut fructifier sans la taille grâce aux oiseaux qui vont manger le raisin. A chaque fois qu’un oiseau prend son envol, il a tendance à déféquer. Mais puisqu’il prend souvent son envol à partir d’un arbre, les excréments tomberont sur le sol près d’un arbre. Mais la vigne a aussi besoin de soleil pour fructifier, ce qui n’est pas certain à l’ombre d’un arbre. La vigne a alors développé un système intelligent appelé acrotonie, qui l’empêche de fructifier tant qu’elle n’est pas à la lumière. Cette acrotonie lui permet de repartir toujours du sommet de sa croissance, la vigne va ainsi développer les rameaux (bois) les plus hauts.

La taille permet ainsi d’adapter la vigne qui est une liane aux contraintes d’une culture. La taille a évolué au fil du temps en fonction des cépages et des contraintes de chaque vignoble. La taille s’est également mécanisée de plus en plus, mais la taille manuelle que je pratique n’est pas prête de disparaître pour autant. Pour plusieurs raisons, dont la mécanisation possible ou non dans la parcelle, le respect de la physiologie de la vigne dont la réflexion demande du temps lors de la taille (ce qu’une machine ne peut faire). La période de taille est également un moment privilégié pendant lequel on réfléchit à la restructuration de sa parcelle pour faciliter le passage entre les rangs et surtout pour la pérennité du vignoble.

Quand tailler la vigne ? ✂️ ✂️

Cela dépend de plusieurs paramètres, de l’état végétatif de la vigne, de la région et du temps que vous avez pour tailler. De nombreux domaines commencent la taille dès octobre. C’est un travail long, et lorsque l’on a peu de personnel et plusieurs hectares, on commence tôt pour éviter d’avoir une masse salariale trop coûteuse. Même si cela peut se comprendre, je ne partage pas du tout cette vision. Si l’on n’a pas les moyens d’embaucher du personnel, on réduit son domaine pour le bien-être de la vigne. Je vous explique pourquoi.

La taille de la vigne est une tâche qui a été longtemps reléguée au second plan par la majorité des vignerons. Donc on a taillé, oui, mais dans le vif ! Et ainsi favoriser le dépérissement du vignoble. Or comme pour toute plante, la vigne a son propre cycle végétatif qui varie en fonction des pays et des climats. En France, la vigne est en « repos » végétatif en hiver. Avec le froid, la sève circulant dans le cep redescend vers les racines pour concentrer la recherche de nutriments dans le sol, plutôt que par les voies aériennes puisqu’il n’y a plus de feuilles pour la photosynthèse. C’est donc à cette période que l’on peut commencer à tailler en respectant les flux de sève. Et dans le Beaujolais, en règle générale (difficile de parler de règle générale avec les perturbations climatiques que nous subissons depuis plusieurs années) la sève redescend fin décembre.

Imaginez-vous sur une autoroute : si vous roulez à contresens, l’accident voire la mort a de grande chance d’arriver ! Et bien en perturbant les flux de sève de la vigne, c’est ce qui risque de se produire.

Comment tailler la vigne ? ✂️ ✂️

Ce que je viens de vous expliquer nous amène donc à cette question : comment tailler la vigne ? Et bien, en pensant à son futur et sa pérennité. Une vigne bien taillée est une vigne heureuse et elle vous le rendra ! Elle vivra longtemps (il existe des vignes centenaires et planter de nouveaux pieds tous les 40 ans n’est pas une fatalité) et produira suffisamment du raisin de qualité. Peu importe le type de taille pratiquée : guyot poussard, cordon royat, charmette et gobelet. Ces 2 derniers types de taille sont typiques du Beaujolais.

Mes parcelles sont toutes en gobelet, même si l’une d’entre elles a commencé à être restructurée pour être en charmette. Le gobelet consiste à avoir 4 à 5 bras porteurs, sur lesquels pousseront les futurs rameaux qui porteront les raisins.

Bref, chaque cep est un cas unique. Il faut prendre en compte : le flux de sève, la morphologie du plant, le rendement qu’on veut lui donner, la meilleure façon d’allonger la vie du cep…

Vous l’aurez compris, c’est une tâche primordiale qui prend du temps et nous oblige à nous poser plusieurs questions pour que la vigne puisse vivre le plus longtemps possible.

J’écrirais un autre article pour exposer les détails techniques de la taille.

Coupe coupe !! oui! mais avec quoi ?

L’arme du crime s’appelle un sécateur ! Oui mais pas n’importe quel sécateur.

Les sécateurs utilisés par les vignerons sont des sécateurs professionnels que l’on ne trouve pas dans les simples enseignes de bricolage. Parce que la vigne peut avoir des bois de diamètre important et qu’une saison de taille peut durer 4 mois continus. Il nous faut donc du matériel de qualité.

Les sécateurs peuvent être électriques ou manuels. Je possède 3 sécateurs manuels. Dont le dernier est japonais.

J’ai envisagé d’acheter un sécateur électrique cette année pour faciliter le travail et éviter les TMS de la main. Or le sécateur électrique pèse son poids, 800 grammes environ contre 250 grammes pour le sécateur manuel. Sans compter le poids de la batterie qui est soit dans le manche du sécateur (donc encore plus de poids dans la main) soit externe et rattachée au sécateur par un fil qu’il ne faut pas couper 😅. Et surtout le budget n’est pas du tout le même ! Celui que j’envisageais d’acheter coûte 1700 € TTC ! Alors qu’un sécateur manuel coûte moins de 100 € TTC.

Et j’ai découvert le sécateur japonais ! Certes il coûte 2 fois plus cher que mes autres sécateurs manuels mais n’est en rien comparable. Ne serait-ce que par la fabrication technique : le sécateur japonais est fabriqué artisanalement par un forgeron. Il est constitué de 2 lames avec une vis sans écrou (les 2 autres sécateurs présentent plus de pièces, le nettoyage est d’autant plus fastidieux), les lames sont forgées dans un acier spécifique oxydable contrairement aux sécateurs européens qui sont équipés de lame en acier inoxydable. Le design est tout aussi différent, particulièrement adapté aux mains japonaises (les japonais sont des personnes de petite taille, tout comme la majorité des personnes asiatiques) et donc aux miennes ! Et le sécateur japonais ne nécessite pas d’être aiguisé à chaque utilisation plusieurs fois dans la journée, 1 fois tous les 15 jours suffisent.

Mon sécateur s’appelle Abukumagawa Sokan Tsugaru ! L’essayer c’est l’adopter !

Et après tout, le Japon est le pays des Katanas !!

Bêêêê !

Je suis très heureuse de voir des moutons paître au milieu de mes parcelles 😀

Contrairement à ce que certains peuvent penser, non ce n’est pas une lubie ni une mode. Souvenez-vous, aucun tracteur ni enjambeur dans mes vignes ! Ces engins facilitent le travail du sol mais tassent les sols compte tenu de leurs poids. Sans compter les risques d’accident et leur empreinte carbone. Le travail du sol est primordial puisqu’aucun recours aux herbicides n’est autorisé en bio et il faut donc maîtriser la pousse de la flore qui pourrait venir concurrencer les ceps. la concurrence se fait au niveau nutritif : si l’herbe ou autres plantes adventices se développent trop, elles vont absorber les éléments nutritifs et l’eau nécessaires à leur vie ; et cela au détriment des ceps. Pour ce travail du sol, c’est donc à la pioche pour enlever l’herbe au pied des ceps, peut-être plus tard une bineuse sarcleuse électrique, le rotofil, et ou des ovins.

Les moutons présentent les avantages suivants :

=> contrôler l’enherbement. Comme tous les agriculteurs, j’ai subi les intempéries de cet été 2021 qui ont entraîné un enherbement beaucoup plus intense que ce que j’avais prévu. En effet, mes parcelles n’ont jamais connu l’enherbement temporaire ou permanent puisque les vignes étaient travaillées en « conventionnel » (en chimie), donc la première année de conversion en bio pendant laquelle je décide de laisser pousser l’herbe, celle-ci aurait dû pousser lentement si je me base sur les 3 dernières années. Ce qui malheureusement n’a pas du tout été le cas, m’obligeant à utiliser la faucille japonaise et le rotofil pour limiter l’enherbement. Les moutons vont donc tondre à ma place.

=> l’un des principes de base est de l’agriculture biologique est : « nourrir le sol pour nourrir la plante ». Un sol actif, vivant et un bon enracinement permettront une meilleure expression du terroir. Il faut savoir que rendre la vie au sol (même s’il n’est pas totalement mort) prend énormément de temps. Il faut donc réfléchir à toutes les solutions pour faire revenir la vie dans le sol (micro-organismes et microbes). A ce sujet, je vous recommande les livres ou conférence de Monsieur Marc-André SELOSSE. Les excréments des moutons vont ainsi apporter de l’engrais naturel sur des vignes qui n’ont reçu aucun engrais depuis plus de 3 ans.

=> Sur ces parcelles qui n’ont jamais été travaillées, je vais devoir commencer par un travail très très léger et progressif. Les moutons par leur passage vont donc piétiner légèrement le sol. Ce travail très superficiel permet d’ameublir le sol et aérer le sol en surface. Certes, cela ne suffira pas et je devrais griffer le sol avec une charrue au printemps (mais cela fera l’objet d’un autre article…)

Même si les parcelles sont palissées à moitié, cela ne les empêche pas d’aller là où ils ont envie sans se blesser. Les moutons ne m’appartiennent pas. Je fais donc appel à un prestataire, ancien berger, qui se charge de tout : palissage, nourriture, entretien et surveillance des bêtes. Ils vont pâturer dans les vignes de 10 à 15 jours, le temps qu’il sera nécessaire.

J’ai attendu la descente du flux de sève de la vigne pour ne pas la perturber davantage . A cette période, les feuilles sont tombées et la vigne est totalement au repos. L’herbe est d’une hauteur suffisante et le calendrier lunaire est favorable.

Je n’ai pas choisi les chèvres car elles sont plus voraces et risquent de manger mes sarments. Je ne veux pas que les chèvres taillent à ma place !

Help !!

Ah..le foncier agricole !

Dans cet article, je vous parle de ma plus grosse problématique actuelle. Comme je vous l’ai expliqué dans les précédents articles, je ne suis pas encore vigneronne. Et pour cause, je cherche désespérément un cuvage, un endroit où je puisse vinifier et stocker mon vin. C’est la croix et la bannière depuis plus d’un an. Mais alors pourquoi n’ai-je pas attendu d’avoir d’abord le cuvage avant d’avoir des vignes me direz-vous ?

Le Beaujolais est un très vieux vignoble. De ce fait, plus de la moitié des vignerons partiront à la retraite d’ici 2025. Il est beaucoup plus facile d’avoir des parcelles qu’un cuvage. Au fur et à mesure les parcelles se libèreront. Même si les parcelles en fermage ou à l’achat restent abordables pour les appellations Beaujolais et Beaujolais Villages, il n’y a pas d’annonce tous les jours, quand il y en a une. Pour avoir une parcelle, cela fonctionne beaucoup par le bouche à oreille ! Vous avez intérêt d’avoir déjà un réseau avant de vous lancer 😩. Petit à petit, mon parcellaire s’agrandira forcément si l’on veut que le vignoble du Beaujolais survive.

Pour le cuvage c’est une autre histoire. Les vignerons avaient l’habitude de construire leur cuvage annexé à leur habitation principale. Cette pratique très courante à l’époque est très limitée aujourd’hui. Et puisque les cuvages sont annexés, il est tout à fait compréhensible que les vignerons ne souhaitent pas vendre ou louer leur cuvage proche de leur habitation. Les demandes de construction d’un cuvage sur un terrain agricole annexé d’une habitation principale sont en majorité refusées, car les autorités compétentes estiment qu’il n’est pas vital d’avoir son cuvage près de son habitation. Certes, pas vital mais vraiment pratique. Ma recherche se tend donc vers un bâtiment qu’il faudrait aménager où je pourrais vinifier, élever le vin, stocker le vin et le matériel. La qualité sanitaire est extrêmement importante pour élaborer un vin, et le temps de transport entre la parcelle vendangée et le cuvage l’est alors tout autant. Cela signifie que sous la pluie ou sous une grosse chaleur, le raisin peut être abimé pendant le trajet si l’on ne prend pas les précautions nécessaires, lorsque ce trajet est trop long. Et pendant la vinification, le vin doit être plus ou moins surveillé. Cela peut demander 10 à 30 minutes pour sentir, goûter, et éventuellement apporter un échantillon pour contrôle. Le cuvage doit donc être géographiquement central par rapport à mon habitation et mes parcelles.

Un point crucial aussi qui explique que ma recherche soit difficile est le foncier qui explose dans notre région, encore plus depuis la pandémie mondiale. Les lyonnais notamment, cherchent à s’extirper de la ville et jettent leur dévolu sur les communes avoisinantes. Mais en quoi est-ce un mal me direz-vous ? Je ne dis pas que c’est mal, je dis que les cuvages potentiellement disponibles ne le seront plus car transformés en habitation au grand désarroi des néo-vignerons comme moi. Parce que l’on veut du beau, on veut du grand, on veut en mettre plein la vue. Mais que peut-on faire alors ? Et bien, les terrains constructibles pourraient être proposés en priorité à des néo-vignerons ; les ventes des domaines viticoles devraient être réservées en priorité aux néo-vignerons ; les communes pourraient inciter les propriétaires de grande ou d’annexe innocupés à les mettre en vente, à la location ou en prêt.

Ah ! et je ne vous parle même pas de certains urbains qui n’ont jamais habité à la campagne et qui ne comprennent pas qu’un agriculteur aient des animaux qui font du bruit (ben oui, les coqs chantent, les ânes braient et les chevaux hennissent). Et que dire de certains citadins qui veulent habiter au milieu des vignes (au sens strict), qui ne connaissent absolument rien au travail de vigneron, qui s’insurgent contre la pulvérisation des produits phytosanitaires trop près de leur maison et du bruit que peut faire un tracteur, les empêchant ainsi de travailler. Attention, je ne dis pas que les citadins n’ont pas le droit de vivre au milieu des vignes ! Je dis juste qu’avant de s’installer quelque part, on se renseigne (les gens se renseignent bien sur le quartier quand ils achètent un appartement en ville !) et que s’installer sur un domaine viticole en espérant appliquer les règles de cohabitation citadine n’est peut-être pas une bonne chose.

C’est donc très compliqué. J’espère tout de même pouvoir trouver d’ici juin 2022 un endroit où vinifier. Le seul moyen : se faire connaître et en parler autour de moi. Et les organismes départementales ne peuvent pas aider me direz-vous ? J’essaie…je guette les annonces éventuelles sur la Chambre d’agriculture et la S.A.F.E.R, sans compter le bon coin (on trouve de tout sur ce site ! 😆) mais rien. Aujourd’hui il n’existe même pas de base de données référençant les parcelles en friche ou libres et les bâtiments disponibles. Quant aux mairies, j’en ai contacté quelques unes et la meilleure réponse que j’ai eu c’est « bonne chance » !

Aujourd’hui je peux travailler mes parcelles de Blacé pour 3 raisons essentielles : elles sont sur des coteaux, il y a plus de 20% de manquants, les vignes sont âgées de plus de 50 ans.

Beaucoup de nouveaux arrivants ne veulent travailler que sur des parcelles mécanisables, donc plats, et sans renouvellement proche des nouveaux plants. Vous voyez la problématique que cela engendre aussi ? Nos belles parcelles sur des coteaux vont finir par disparaître. Mais si les coteaux n’effraient pas tout le monde, nous ne sommes pas nombreux, et encore moins parmi les nouvels installés.

Plats : le travail est plus facile et moins long. Je travaille sans tracteur donc imaginez le temps que je passe à arpenter mes vignes comparé aux autres vignerons mécanisés 😅.

Une parcelle avec plus de 10% de manquants n’attirent guère pour des raisons économiques. Des manquants, cela veut dire qu’il faille un renouvellement des plants : soit de toute la parcelle, soit uniquement des manquants. Acheter des nouveaux plants a un prix et les nouveaux plants ne donnent pas de raisin avant 2 à 3 ans, donc on paye et cela ne rapporte rien pendant un temps.

Et rien au niveau des autorités administratives et politiques n’est fait pour nous encourager, nous les néo-vignerons qui sommes tombés amoureux d’un métier fantastique, d’un terroir que l’on revendique haut et fort. Comprennent-ils aussi qu’aujourd’hui personne ne veut reprendre un domaine de 10 hectares ? Les coûts économiques ne permettent pas à une personne de s’installer seule sur un tel domaine, sans avoir un pactole en poche. Les domaines seront donc morcelés, et il y aura donc un besoin de construction de cuvage car disons le franchement, produire plus de 2000 bouteilles au fin fond d’un garage n’est pas viable.

Vous l’aurez compris, l’envie et la volonté sont là mais il me manque l’essentiel. Enfin, je l’espère…

Mon matériel

Mon matériel

Je n’ai pas de tracteur car ce gros engin me fait peur. Il est bruyant, pas écologique et surtout il tasse les sols à cause de son poids. Et je ne suis pas bricoleuse pour un sou 🤣! C’est bien dommage car c’est une compétence bien pratique dans les vignes et le cuvage.

Mais j’ai dû m’équiper ! Une chose que j’avais budgétée pour l’an prochain est l’achat d’un véhicule utilitaire pour se déplacer au milieu des vignes et transporter le matériel nécessaire, et qui s’est avéré indispensable dès cette année. Essayez de faire rentrer un atomiseur à dos dans un coffre de Polo 🤣

Le métier de viticultrice demande aussi l’investissement de petit matériel tels que bidons (de toute taille), un récupérateur d’eau de pluie (fortement conseillé pour les décoctions de plantes plutôt que l’eau du robinet qui contient du chlore), un faitout en cuivre pour dynamiser les décoctions, une armoire phytosanitaire pour les produits (très cher car il faut respecter les normes de sécurité). Je possède aussi 2 sécateurs et un coupe corne pour la taille, une faucille japonaise pour désherber, une grelinette pour griffer le sol, 2 pulvérisateurs électriques manuels pour les produits phytosanitaires et un pulvérisateur manuel en cuivre à pompe pour les décoctions, tisanes et petit lait.

J’ai acquis récemment un pressoir manuel en bois à cliquet que je vais restaurer pour presser le raisin. Vous pourrez suivre la restauration au fur et à mesure du temps.

Les vendanges demandent aussi d’investir dans 2 hottes ou 2 portes-caisses, d’une cinquantaine de caisses ajourées, de sécateurs, de quelques caisses pleines.