Help !!

Ah..le foncier agricole !

Dans cet article, je vous parle de ma plus grosse problématique actuelle. Comme je vous l’ai expliqué dans les précédents articles, je ne suis pas encore vigneronne. Et pour cause, je cherche désespérément un cuvage, un endroit où je puisse vinifier et stocker mon vin. C’est la croix et la bannière depuis plus d’un an. Mais alors pourquoi n’ai-je pas attendu d’avoir d’abord le cuvage avant d’avoir des vignes me direz-vous ?

Le Beaujolais est un très vieux vignoble. De ce fait, plus de la moitié des vignerons partiront à la retraite d’ici 2025. Il est beaucoup plus facile d’avoir des parcelles qu’un cuvage. Au fur et à mesure les parcelles se libèreront. Même si les parcelles en fermage ou à l’achat restent abordables pour les appellations Beaujolais et Beaujolais Villages, il n’y a pas d’annonce tous les jours, quand il y en a une. Pour avoir une parcelle, cela fonctionne beaucoup par le bouche à oreille ! Vous avez intérêt d’avoir déjà un réseau avant de vous lancer 😩. Petit à petit, mon parcellaire s’agrandira forcément si l’on veut que le vignoble du Beaujolais survive.

Pour le cuvage c’est une autre histoire. Les vignerons avaient l’habitude de construire leur cuvage annexé à leur habitation principale. Cette pratique très courante à l’époque est très limitée aujourd’hui. Et puisque les cuvages sont annexés, il est tout à fait compréhensible que les vignerons ne souhaitent pas vendre ou louer leur cuvage proche de leur habitation. Les demandes de construction d’un cuvage sur un terrain agricole annexé d’une habitation principale sont en majorité refusées, car les autorités compétentes estiment qu’il n’est pas vital d’avoir son cuvage près de son habitation. Certes, pas vital mais vraiment pratique. Ma recherche se tend donc vers un bâtiment qu’il faudrait aménager où je pourrais vinifier, élever le vin, stocker le vin et le matériel. La qualité sanitaire est extrêmement importante pour élaborer un vin, et le temps de transport entre la parcelle vendangée et le cuvage l’est alors tout autant. Cela signifie que sous la pluie ou sous une grosse chaleur, le raisin peut être abimé pendant le trajet si l’on ne prend pas les précautions nécessaires, lorsque ce trajet est trop long. Et pendant la vinification, le vin doit être plus ou moins surveillé. Cela peut demander 10 à 30 minutes pour sentir, goûter, et éventuellement apporter un échantillon pour contrôle. Le cuvage doit donc être géographiquement central par rapport à mon habitation et mes parcelles.

Un point crucial aussi qui explique que ma recherche soit difficile est le foncier qui explose dans notre région, encore plus depuis la pandémie mondiale. Les lyonnais notamment, cherchent à s’extirper de la ville et jettent leur dévolu sur les communes avoisinantes. Mais en quoi est-ce un mal me direz-vous ? Je ne dis pas que c’est mal, je dis que les cuvages potentiellement disponibles ne le seront plus car transformés en habitation au grand désarroi des néo-vignerons comme moi. Parce que l’on veut du beau, on veut du grand, on veut en mettre plein la vue. Mais que peut-on faire alors ? Et bien, les terrains constructibles pourraient être proposés en priorité à des néo-vignerons ; les ventes des domaines viticoles devraient être réservées en priorité aux néo-vignerons ; les communes pourraient inciter les propriétaires de grande ou d’annexe innocupés à les mettre en vente, à la location ou en prêt.

Ah ! et je ne vous parle même pas de certains urbains qui n’ont jamais habité à la campagne et qui ne comprennent pas qu’un agriculteur aient des animaux qui font du bruit (ben oui, les coqs chantent, les ânes braient et les chevaux hennissent). Et que dire de certains citadins qui veulent habiter au milieu des vignes (au sens strict), qui ne connaissent absolument rien au travail de vigneron, qui s’insurgent contre la pulvérisation des produits phytosanitaires trop près de leur maison et du bruit que peut faire un tracteur, les empêchant ainsi de travailler. Attention, je ne dis pas que les citadins n’ont pas le droit de vivre au milieu des vignes ! Je dis juste qu’avant de s’installer quelque part, on se renseigne (les gens se renseignent bien sur le quartier quand ils achètent un appartement en ville !) et que s’installer sur un domaine viticole en espérant appliquer les règles de cohabitation citadine n’est peut-être pas une bonne chose.

C’est donc très compliqué. J’espère tout de même pouvoir trouver d’ici juin 2022 un endroit où vinifier. Le seul moyen : se faire connaître et en parler autour de moi. Et les organismes départementales ne peuvent pas aider me direz-vous ? J’essaie…je guette les annonces éventuelles sur la Chambre d’agriculture et la S.A.F.E.R, sans compter le bon coin (on trouve de tout sur ce site ! 😆) mais rien. Aujourd’hui il n’existe même pas de base de données référençant les parcelles en friche ou libres et les bâtiments disponibles. Quant aux mairies, j’en ai contacté quelques unes et la meilleure réponse que j’ai eu c’est « bonne chance » !

Aujourd’hui je peux travailler mes parcelles de Blacé pour 3 raisons essentielles : elles sont sur des coteaux, il y a plus de 20% de manquants, les vignes sont âgées de plus de 50 ans.

Beaucoup de nouveaux arrivants ne veulent travailler que sur des parcelles mécanisables, donc plats, et sans renouvellement proche des nouveaux plants. Vous voyez la problématique que cela engendre aussi ? Nos belles parcelles sur des coteaux vont finir par disparaître. Mais si les coteaux n’effraient pas tout le monde, nous ne sommes pas nombreux, et encore moins parmi les nouvels installés.

Plats : le travail est plus facile et moins long. Je travaille sans tracteur donc imaginez le temps que je passe à arpenter mes vignes comparé aux autres vignerons mécanisés 😅.

Une parcelle avec plus de 10% de manquants n’attirent guère pour des raisons économiques. Des manquants, cela veut dire qu’il faille un renouvellement des plants : soit de toute la parcelle, soit uniquement des manquants. Acheter des nouveaux plants a un prix et les nouveaux plants ne donnent pas de raisin avant 2 à 3 ans, donc on paye et cela ne rapporte rien pendant un temps.

Et rien au niveau des autorités administratives et politiques n’est fait pour nous encourager, nous les néo-vignerons qui sommes tombés amoureux d’un métier fantastique, d’un terroir que l’on revendique haut et fort. Comprennent-ils aussi qu’aujourd’hui personne ne veut reprendre un domaine de 10 hectares ? Les coûts économiques ne permettent pas à une personne de s’installer seule sur un tel domaine, sans avoir un pactole en poche. Les domaines seront donc morcelés, et il y aura donc un besoin de construction de cuvage car disons le franchement, produire plus de 2000 bouteilles au fin fond d’un garage n’est pas viable.

Vous l’aurez compris, l’envie et la volonté sont là mais il me manque l’essentiel. Enfin, je l’espère…

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